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Guardamañada

Guardamañada (Alfonso de). Moine dominicain, théologien, inquisiteur et colombophile espagnol. (Almacuellas 1432 – Barcelone 1504)

 Alfonso de Guardamañada nait dans une famille de la petite noblesse castillane. Son père, le chevalier Miguel de Guardamañada, féru de décapitations, prend part avec enthousiasme à la Reconquête de la Péninsule Ibérique. Le chevalier rapporte à la maison de nombreuses têtes de guerriers maures, mais aussi de quidams rencontrés en chemin. Ce divertissement paternel est peut-être à l’origine du goût d’Alfonso de Guardamañada pour le démembrement de ses semblables.

Alfonso de Guardamañada a très tôt la vocation religieuse, comme il le confie dans ses Mémoires :

« Alors que le chaton que je venais d’écraser dans mes mains perdait peu à peu sa chaleur, une vive lumière emplit soudainement le recoin sombre et humide où j’avais coutume de me divertir en compagnie de mes amies les blattes. Je cachai le petit cadavre dans ma bouche, et regardai la source de cette lumière pâle. Je distinguai bientôt une forme blanche et humaine. Dieu du Ciel ! Qu’il était immaculé ! Saint Pougnat me regardait en souriant, et la bienveillance de ses canines pénétra mon cœur avec un ravissement qui ne me laissa plus aucun doute : je décidai de servir le Seigneur […] »

Le 4 septembre 1437, à peine âgé de cinq ans, Alfonso de Guardamañada est donc touché par la grâce.

Le soir même, alors qu’il partage l’assiette quotidienne de soupe à la viande rouge avec ses 18 frères et sœurs, il raconte sa vision mystique. Blessé par le rire de Carmen, sa cadette âgée de 2 ans, il lui transperçe le crâne avec sa cuillère.

Alfonso de Guardamañada passe les 14 années suivantes dans une cage à la Prison pour Enfants de San-Peladino. Seul, ayant pour unique compagne une page arrachée de la Bible, il connait dans sa cage les plus belles années de sa vie (toujours selon ses Mémoires).

Absorbé par l’étude de la Sainte Page Arrachée, Alfonso de Guardamañada, résiste tant bien que mal aux courants d’air charriant germes et vermines aux travers des barreaux rouillés de sa cage suspendue.

Le 27 janvier 1452, un séisme dévaste l’Ile de San-Peladino, et la Prison pour Enfants s’effondre. Libéré par la chute accidentelle de sa cage, Alfonso de Guardamañada souffrira à jamais d’une hypo-brychoïdite très handicapante et qui lui assurera une humeur des plus détestables jusqu’à la fin de ses jours.

La même année, il entre au monastère bénédictin troglodyte de Santagio de Vacaciega, où il peut parfaire l’étude de sa page de la Bible. Mais son habitude de mettre des animaux morts dans sa bouche s’accorde mal avec les règles monastiques et met les autres moines dans l’embarras.

La vie d’Alfonso de Guardamañada va être bouleversée lorsque le monastère reçoit la visite du moine dominicain Bernardo Corto, Inquisiteur Général Adjoint de Castille et d’Aragon.

Alors que les Frères sont pris de nausées en regardant Alfonso de Guardamañada, Bernardo Corto est immédiatement séduit par le teint blafard et grêlé du jeune moine, et il l’emmène à la grande ville pour l’inscrire à l’Ecole Catholique des Sciences et Techniques d’Extorsion d’Aveux.

Trois années plus tard, Alfonso de Guardamañada sort de l’école, diplôme en poche, pour entrer au service de l’Eglise Catholique, en la qualité d’Inquisiteur Général Adjoint Suppléant.

Faisant preuve d’un implacable dévouement, Alfonso de Guardamañada parcourt l’Espagne afin d’exécuter la Justice Divine. En 42 ans d’activité inquisitrice, il préside 18375 procès pour sorcellerie, 76632 procès pour hérésie, 43 procès pour retard à la Messe, aboutissant à 56912 exécutions, et 8747 emprisonnements.

Ses vêtements sombres, sa démarche claudicante, les émanations pestilentielles de son corps meurtri par les maladies contractées lors de sa captivité font forte impression sur ses contemporains.

Il est également l’inventeur de nombreux instruments de justice, comme l’écrase-œil, la rôtissoire abdominale, la perforatrice à vertèbres, le collyre à l’huile bouillante, la scie à phalanges, les rivets de paupières, l’arrache-langue, le mortier à gencives et autre pique-tympans, dont la simple évocation suffit à arrêter le cœur des accusés.

Son haleine fétide est aussi la cause de nombreuses suffocations, y compris chez ses propres assistants inquisiteurs.

Alfonso de Guardamañada finit ses jours au Château d’Altarida, qu’il réquisitionne après avoir fait condamner à mort tous ses occupants pour détention illégale de pouvoirs magiques. Il y élève des colombes, qu’il aime servir crues à ses amis imaginaires.

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