
Kerploudec (Jocelyn-Gourmelon-Muriel, chevalier de): Marin français. (Château de Kerploudec 1467 – Tatlotlixahuan, Mexique 1543).
Vingt-septième enfant du chevalier Bertrand de Kerploudec, fermier général, et de Gwenola-Ginette Friscoët, femme au foyer, Jocelyn de Kerploudec naît dans une atmosphère baignée d’optimisme et d’une douce odeur de beurre fondu. Garçonnet robuste, il a pour précepteur le prêtre Jean Fringoin, dont l’enseignement repose sur trois matières élémentaires : les mathématiques, la grammaire, et la pêche à la ligne. Faisant preuve d’une faible inclination pour les deux premières, Jocelyn de Kerploudec consacre beaucoup de temps à la pêche, passant de longues heures à regarder son bouchon taquiné par les vagues de l’Atlantique. Mais le chevalier n’a jamais su compter au-delà de 11, ni formuler une phrase correctement, comme en témoigne son œuvre inachevée Réci demé vouaillage : ce dont auquel je voulai vou dire. Ayant pêché bien plus de poissons qu’il ne saurait le dire, Jocelyn de Kerploudec arrive tout naturellement à l’âge de 17 ans et, pour la première fois, il lève les yeux de son bouchon. Son regard se porte alors sur l’horizon lointain et il en demeure ébaubi pendant trois jours, les yeux si écarquillés qu’il en perd un dans la rade de Brest. Arborant fièrement un cache-œil de pirate, il embarque sur un bateau de pêche pour une virée jusqu’à l’île d’Ouessant. C’est son premier voyage en mer, et la découverte de sa vocation de marin. Il employe les années suivantes à l’écriture d’une lettre au Roi pour lui demander de lui subventionner l’achat d’un bateau, travail de 6 années d’acharnement, et dont l’intégralité du texte nous est parvenue :
« Chèr meussieur le Rio defrance, J’aimerai dé sous pour acheté 1 batau . Ce cerait bien aimable a vou.
Je vou di merci et vou pri d’agréé l exspression de mé salutassion distingée.
Votr dévoué sèrviteure,
Jocelin deKèrploudec
« Harassé par ses efforts, le chevalier entreprend une sieste réparatrice de 8 mois et 21 jours. A son réveil, le préposé aux Postes l’attend avec une réponse positive du Roi Charles VIII en personne.Le 28 avril 1491, le chevalier Jocelyn de Kerploudec part seul du port de Brest, dans l’idée de découvrir l’Amérique. La Ginette – ainsi a-t-il baptisé sa barque – s’éloigne sous la fougue des rames du jeune marin, malgré les sanglots de ses parents, de ses 38 frères et sœurs, auxquels s’ajoutent les lamentations de 12 voisines et de plusieurs cousines qu’il ne connait même pas. Le chevalier sourit, confiant en sa méthode nouvelle d’orientation fondée sur l’observation des requins-marteaux. Mais dès que son œil unique a perdu de vue les côtes bretonnes, le brave Jocelyn s’égare. Il fait quatre fois le tour du monde, pêche quelques sardines, puis débarque sur l’Île de Pouya, qu’il baptise Pouya, car il n’a guère d’imagination et ne veut vexer personne. Le chevalier se restaure copieusement en compagnie des Indigènes, tricote une fleur de Lys qu’il déploie en étendard, puis il reprend la mer.
Le 3 janvier 1509, la Ginette lui est ravie par l’impétuosité des flots du mal nommé Océan Pacifique, et elle sombre. Excellent nageur, Jocelyn de Kerploudec, poursuit son périple jusqu’au Mexique, où il touche la terre ferme le 12 juillet 1521. Renonçant à la gloire et à sa théorie sur les requins-marteaux, le navigateur méconnu épouse une petite marchande d’allumettes amérindienne auprès de laquelle il vivra dans la félicité et la décontraction jusqu’à ce que mort s’en suive, le 21 décembre 1543, à 18h11.