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Mouquette

Mouquette (Jules Alphonse Prosper, dit Paul). Poète français. (Epinal 1876 – Liège 1977).

Paul Mouquette naît à Epinal, au 11ter rue du Donon (l’actuelle rue Paul Mouquette). Son père, le capitaine Alphonse-Grégoire Mouquette étant mort en héros et en 1870, sa mère l’espère seule, ce qui explique sans doute la durée de sa grossesse. Marie-Madeleine Mouquette, née Brouchin, est tourneuse de filtres à la Manufacture Départementale des Tabacs, Alcaloïdes et Psychotropes et elle chante en essuyant la vaisselle, avec un sens remarquable de la prosodie. Le jeune Jules Mouquette (qui ne s’appèle pas encore Paul), est un excellent élève, appliqué et travailleur. Il fait preuve d’une bonne humeur constante, qui ravit ses institutrices, mais irrite ses camarades. En effet, le tempérament réservé et discret des Vosgiens ne les porte guère aux démonstrations ostensibles d’allégresse (à l’instar des Inuits et des Papous, dont ils sont les descendants). Voilà pourquoi le futur poète termine souvent les récréations en saignant du nez, conséquence physique des nombreux coups que les autres enfants lui assènent avec une sévère régularité, dès qu’il ouvre la bouche pour s’extasier.

« Youpi les amis
Aujourd’hui le soleil brille !
Oh ! La belle petite fourmi !
Allons jouer aux billes ! »

Ainsi s’exprime quotidiennement le jeune Mouquette, comme le rapporte son ancien camarade Léon Sarpadet avant de mourir fou à l’Hôpital Psychiatrique de Saint-Pougnat-du-Brougy. Sous l’effet des rapports directs que ses camarades entretiennent avec lui, le visage de Paul Mouquette prend des teintes bleutées, ce qui le différencie encore d’avantage et accroit la violence des gifles qui, bientôt, se donnent exclusivement les poings fermés. Un jour que Paul Mouquette décide de saluer individuellement chacun des élèves de l’école, il se retrouve roué de coups par 153 d’entre eux, qui ne s’arrêtent de le frapper qu’à l’intervention de Pauline Mourju, l’institutrice. Mademoiselle Mourju prend le jeune massacré sous sa protection, et lui donne des cours particuliers jusqu’à ses dix-huit ans. De temps à autre, un caillou ou une table passe au travers de la fenêtre de la salle de classe pour venir se ficher dans le crâne de Paul Mouquette. Pourtant, assis sur un optimiste enchanté, le futur poète s’instruit avec assiduité, tout en composant des centaines de poèmes.

Sur les conseils de Mademoiselle Mourju et de Marie-Madeleine Mouquette, Jules-Alphonse-Prosper adopte le prénom Paul, et il s’exile en Belgique après son dix-huitième anniversaire. Son premier recueil de poèmes, intitulé Poèmes, paraît en 1895 chez l’éditeur Raymond De Vloeck, dont l’épouse et les sept maîtresses sont institutrices. Le succès est immédiat dans toutes les écoles primaires de Belgique et de France. C’est le début d’une carrière remarquable. Dès lors, Paul Mouquette publie en moyenne de deux à trois recueils par an, qui tous remportent les suffrages des institutrices du monde entier.

Le 16 juillet 1901, il épouse Augustine Lourmat, une institutrice héritière qui devient également sa secrétaire. Suivent les naissances de quelques enfants :

  • Alphonse-Claude (1902-1994)
  • Julie-Charlotte (1903-1904)
  • Henriette-Françoise (1904-1976)
  • Yolande-Denise (1905-1984)
  • Maurice-Michel (1906-1944)
  • Philippe-Jules (1907-1967)
  • Simone-Germaine (1908-1991)
  • Léon-Roger (1909-2002)
  • Jean-Marcel (1910-1989)
  • Marie-Adrienne (1911-1999)
  • Marie-Adrienne II (1912-2000)
  • Marie-Adrienne III (1913-2001)
  • Bernard-Antoine (1914-1998)
  • Robert-Louis (1915-1997)
  • Sébastien-Marius (1916-1975)
  • Anatole-Grégoire (1917-1954)
  • Marie-Adrienne IV (1918-1998)
  • Anselme-Ysengrin (1919-1990)

Le 2 mars 1920, Augustine tombe malade. Alitée pendant plusieurs semaines, elle accouche de son tube digestif et succombe des suites de ses blessures. Paul Mouquette est affecté au point de ne plus écrire pendant trois jours.
Mais bientôt, sa plume court de plus belle. De 1940 à 1945, Paul Mouquette s’exile sur un bateau, puis il revient en Belgique par voie fluviale, où il finira sa vie des années plus tard, faisant preuve d’une remarquable longévité. Chantre de l’enfance, du soleil, de la pluie et des moyens de transport, tous les enfants qui ont eu la chance d’être scolarisés depuis 1896 ont croisé les mots chantants et les images ciselées de Paul Mouquette. Son style simple et optimiste, ni son sens de la musicalité, ni ses rimes admirables ne se sont altérés pendant quatre-vingts ans d’activité au cours desquels il composa plus de 176904 poèmes. Traduit dans 182 pays et 14 planètes, Paul Mouquette restera un bel exemple de réussite sociale.

Quelques poèmes de Paul Mouquette :

Soleil, mon copain :
Soleil, tu brilles dans le ciel.
Tu es jaune comme le miel.
Soleil, tu dardes tes rayons,
Comme les traits de mes crayons.
Tu sais que tu es le plus beau,
Quand tu te regardes dans l’eau.
Et même à l’heure du réveil,
Tu es mon bon copain, Soleil.
(Poèmes, 1895)

Le beau bateau

Vogue, vogue, beau bateau
Vogue, vogue sur l’eau
Hisse tes blanches voiles
Le jour comme sous les étoiles
Vogue, vogue, joli marin
Qui sent si bon le romarin
Regarde ta fière proue
Tu n’as pas besoin de roues
Car tu flottes sur les flots
Entre les phoques et les îlots.
(Beauté de l’océan, 1924)

La Mouette et le Castor

Maîtresse Mouette sur son mât accroupie,
Avait dans son bec un yaourt.
Maître Castor, avec son nez de pie,
S’assit pour lui faire un discours.
Que vous êtes donc si jolie,
Avec tous vos beaux atours !
Si vous savez une mélodie,
Je veux bien l’apprendre à mon tour.
C’est alors que la mouette ouvrie
Son bec grand comme un four,
Et fit tomber, l’étourdie !
Plus bas par terre son yaourt.
Le castor fit « hi hi hi ! »
Avec ses dents de velours.
Et il dévora le précieux prix
Gagné par son vilain tour.
La mouette intérieurement se dit :
« Vraiment ce n’est pas mon jour. »
(Fables, 1950)

Recueils les plus célèbres de Paul Mouquette :

  • Poèmes, 1895
  • Autres Poèmes, 1896
  • Poèmes bleus, 1896
  • Poèmes verts, 1897
  • Le Cheval de papyrus, 1897
  • Lapin, lapin, lapin, 1898
  • La pluie tombe ses gouttes, 1898
  • Les Grenouilles et l’Arrosoir, 1899
  • Poèmes jaunes, 1912
  • La Locomotive du bonheur, 1918
  • Beauté de l’Océan, 1925
  • Les Feuilles des arbres parfois tombent, 1922
  • Le Poulailler aux mille trésors, 1945
  • Fables, 1950
  • Sentiments et Climat tempéré, 1954
  • Poèmes irisés, 1957
  • Rhododendron, 1962
  • Le Chat dans les tuiles, 1964
  • Rimes, rames, rhumes, 1967
  • Chante petit héron, 1969
  • Splendeurs montagnardes, 1970